Forum des enfants

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Questions à Yann Mens, auteur de « Champs de mines » par les élèves de CM1 de Françoise Lelievre
Ecole élémentaire Rue Des Bauches – 75016 Paris (24 mars 2015)

Quel  message voulez- vous transmettre à travers ce livre?
Y.M. :

« Je voulais transmettre 2 messages:
-Dans mon livre  » Champ de mines », deux personnages sont des victimes de la guerre:
– Sooyan est un personnage attachant et gentil.
–  Ali, enfant soldat,  n’a pas choisi son destin. Il s’est endurci par la force des choses et est devenu méchant. C’est aussi une victime de la guerre.
La guerre est dure pour ces deux enfants et les victimes ne sont pas toujours des gentils.
-De plus, je voulais rappeler que tous les enfants sur cette terre n’ont pas la même vie que vous. Par exemple,  en Afrique, une classe d’école fonctionne avec  peu de moyens ; les classes sont surchargées et les élèves marchent quelquefois plusieurs kilomètres pour rejoindre leur école. »

Etes -vous parti dans des pays en guerre?
Y.M. :

«  Oui!   De par mon métier, journaliste, je me suis rendu dans différents pays où la guerre était présente: Afghanistan, Liban, Sri Lanka, Sierra Leone, Nicaragua, Honduras, Bosnie, Somalie….
La Somalie,  est le pays  où se déroule l’histoire que je raconte dans « Champ de mines ».
(Yann Mens localise sur un planisphère tous ces pays qui se trouvent sur les principaux  continents)
Depuis tout jeune, je me suis toujours posé ces questions:
Comment arrive la guerre?   Comment comprendre la guerre? Comment arrêter la guerre?
Pour ce faire, j’ai beaucoup voyagé dans les pays en guerre, ce qui m’a permis d’écrire  de nombreux articles publiés dans différents journaux et magazines.  Témoigner pour moi est très important. »

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire des livres?
Y.M. :

« J’ai toujours eu envie de raconter des histoires. Je crée d’abord un personnage puis j’invente une histoire autour de ce personnage.
Lorsque  j’étais  en CM1 comme vous, on m’a demandé de raconter une histoire de Noël. J’ai alors choisi de faire parler le sapin de Noël qui racontait  sa propre  histoire.
Écrire un livre, c’est pouvoir raconter ce que l’on veut, c’est se faire plaisir……
J’écris quelquefois des histoires qui ressemblent à la réalité  mais je peux aussi raconter des faits délirants voire invraisemblables…..

Avez-vous écrit la suite de « Champ de mines »?
Y.M. :

« Non! Non !»
(Mme Lelievre souligne que ses élèves ont écrit des suites …..)

Faîtes -vous des illustrations?
Y.M. :

« Non, je suis très peu doué pour ce travail  et je le laisse à des illustrateurs professionnels….. »

L’histoire racontée dans « Champ de mines » est- elle vraie?
Y.M. :

« Non, mais c’est une histoire vraisemblable, qui aurait pu arriver.
Lors de mon voyage en Somalie,  j’ai vu des enfants- soldats qui ressemblaient à Ali, j’ai rencontré des enfants malades ou orphelins comme Sooyan.
J’ai également visité un centre d’accueil pour enfants, victimes de la guerre.
Avec deux gardes somaliens, je me suis aussi rendu en voiture vers un aérodrome où atterrissaient les avions de la Croix Rouge apportant médicaments et nourriture.
C’est là que  j’ai appris que nous venions de circuler sur un chemin de terre  miné ! »

Qu’avez- vous ressenti en voyant ces enfants somaliens, victimes de la guerre?
Y.M. :

« Je ne suis ni médecin ni infirmier et je me suis senti impuissant devant tous ces enfants malades, blessés ou victimes de la famine.
La seule chose que je pouvais faire,  c’était d’écrire un article décrivant ces scènes de guerre afin que mes lecteurs puissent prendre conscience des drames vécus dans ce pays par  tous ces enfants. »

Avez-vous vu des enfants quitter leur village comme Sooyan? Pourquoi quittent- ils leur village?
Y.M. :

« Oui, malheureusement, j’ai souvent croisé sur les routes des familles qui fuyaient leur village et j’ai même vu un enfant mort sur le bord de la route…..
Les enfants et leur famille quittent les villages en direction des grandes villes  pour essayer de trouver un peu de nourriture apportée par l’aide humanitaire. »


Qu’avez- vous ressenti en écrivant « Champ de mines »?

Y.M. :

« .  J’ai écrit ce livre une dizaine d’années après mon retour de Somalie.  Se replonger dans  ses souvenirs fut très douloureux.  Cette  histoire inspirée de la réalité est triste et dure. Elle provoque larmes et douleur. »
Par ailleurs, les élèves racontent qu’ils ont pu rire en lisant d’autres livres de Yann Mens .
Ce dernier est très fier en entendant cela car pour lui il est beaucoup plus difficile de faire rire un lecteur que de le faire pleurer.

En Afrique, qu’avez- vous vu?
Y.M. :

« J’ai vu des paysages urbains semblables à ceux de France…..A quelques détails près. …
Dans les grandes villes, les maisons sont différentes et  les rues ne sont pas toutes éclairées.
Un Européen n’est pas habitué à  marcher dans le noir. Ce fut une épreuve pour moi.
Et bien sûr, dans un pays en guerre, la peur est toujours présente. »

Prenez- vous  des photos lors de vos voyages?
Y.M. :

« Non, je ne prends pas de photos pour illustrer mes articles. »

Parmi tous vos livres, quel est votre livre préféré?
Y.M. :

« Aucun…  Les livres, ce sont comme les enfants….. Ils sont tous différents….  Les parents aiment tous leurs enfants sans préférence…  J’aime tous mes livres, chacun à sa façon…
Certaines histoires que j’ai écrites n’ont jamais été éditées et je les aime tout de même. »

Que faites- vous de vos reportages?
Y.M. :

« Pour celui fait en Somalie, il a été édité dans un magazine pour adolescents, Phosphore. »

Pouvez- vous citer des pays où il y a encore des enfants- soldats aujourd’hui?

Y.M. :

« La République  Centrafricaine, le Nigéria, la République du Congo, la Colombie.»

Allez- vous écrire d’autres  livres pour enfants?
Y.M. :

« Je l’espère, si j’en ai le temps. En effet, l’écriture d’un livre prend du temps et cela se fait en trois étapes:
1/ Trouver l’événement déclencheur, l’idée maîtresse et la mettre de côté (Yann Mens montre aux enfants son  carnet d’idée où il note toutes ses idées.)
2/ Se raconter l’histoire dans sa tête (elle doit être déjà structurée)
3/ Ecrire  l’histoire »

Quand avez- vous décidé d’être journaliste?
Y.M. :

« Vers l’âge de 14 ans…  Deux raisons à cela:
Je voulais découvrir d’autres  pays car j’étais curieux et je voulais également pouvoir raconter ce qui se passait dans tous ces pays…. »